samedi 12 février 2011

Discours de Christian Estrosi, Député, Maire de Nice, Président de Nice Côte d’Azur pour l'accueil des nouveaux policiers municipaux

Il est des circonstances importantes dans une vie, comme dans l’histoire d’une ville.
Nous vivons aujourd’hui un de ces moments.
Nous le partageons même.

Vous tous, vous constituez la 1ère police municipale de France, la mieux armée, la mieux entraînée. Vous êtes près de 600, unis par une même volonté de service public : 355 policiers municipaux, et 380 d’ici la fin de l’année, 150 ASVP, qui assistent les policiers municipaux sur la voie publique et 70 personnels administratifs indispensables au fonctionnement quotidien et logistique de la Direction.

Vous formez un corps exemplaire pour toutes les polices municipales de France.
Savez-vous que nombre de vos collègues viennent de toute la France étudier vos méthodes, votre organisation, votre fonctionnement ?
Nice, encore une fois, montre l’exemple. Vous montrez l’exemple.
C’est donc une grande fierté pour moi de vous voir là, tous réunis.
Merci à vous qui chaque jour, sans trêve, travaillez au sein de notre Police municipale.
Chaque jour, vous êtes là, dans les rues de notre belle ville.
Chaque jour, vous prenez le risque de défendre ses habitants, vous agissez pour la rendre plus sûre et plus vivable.
Je sais combien la société se durcit. Je sais combien, parfois, votre métier est difficile.
Je vous dis aujourd’hui que vous pouvez compter sur moi, à vos côtés, pour que ce métier et ses difficultés soient toujours mieux reconnu et pris en compte.
Car ce métier est exaltant, certes. Il est aussi périlleux.
Je voudrais rendre un hommage appuyé à vos 10 collègues qui, cette année, ont été blessés dans l’exercice de leurs fonctions : Franck ALBANO, Christophe BENEDETTO, Pierre COLLAERT, Christophe GIOVANNINI, Cédric KACZOR, Olivier MATANCE, Laetitia QUESADA, Norbert ROUSSILLO, Didier TOSELLO, Eric TRAMSON.
A chacun d’entre eux, je dis tout mon respect, ma gratitude et mon affection.
Vous le savez, j’ai toujours regardé la sécurité des Niçois et de tous les Français comme la première de leurs libertés. Et vous êtes les défenseurs de cette liberté.
Dans chacune des fonctions que mes concitoyens m’ont fait l’honneur de me confier, j’ai voulu moi aussi défendre cette liberté, et vous défendre vous. En tant que parlementaire, mais aussi en tant que président du Conseil général, d’abord, quand j’ai soutenu la construction de nos commissariats neufs, de 15 brigades de gendarmerie, de notre base de sécurité civile de.
Et puis aujourd’hui, en tant que maire de Nice.
En trente-trois mois, avec le soutien de chacun d’entre vous, avec l’implication quotidienne des Benoît KANDEL et de Sylviane CASANOVA, j’ai voulu que vous soyez à nouveau fiers de porter cette uniforme et, tout autant, que vous puissiez encore mieux exercer vos missions.
Votre armement a été modernisé : 20 Tasers, 10 flash-balls, et 30 nouvelles armes de poing, ce qui porte à 250 le nombre d’armes à feu de 4e catégorie à votre disposition.
Vos moyens d’intervention ont été multipliés, avec de nouveaux scooters, 15 motos dernière génération très performantes, plusieurs autres véhicules, VTT, Segways, entre autres.
Vos moyens de protection ont été améliorés, avec la géo-localisation de 50 véhicules, la mise en service de 55 gilets pare-balles et bientôt de 33 autres et la fourniture de 310 radios.

Votre organisation a été repensée, avec la création des brigades spécialisées : la brigade verte, la brigade de sécurité des transports urbains, la brigade de prévention en milieu scolaire, la brigade motocycliste, la brigade équestre, la brigade cynophile, la brigade VTT.

Vous pouvez désormais compter sur 228 papys et mamys trafics, soit 100 de plus qu’il y a trois ans. Le CSU que nous avons créé est un précieux auxiliaire, le premier de cette dimension en Europe.

Oui, tout cela, c’est vous qui le faites vivre, c’est vous qui donnez sécurité et tranquillité.
Et de ce point de vue, les chiffres parlent d’eux-mêmes :

82.000 interventions ;
Plus de 2.000 interpellations ;
700 véhicules bruyants sanctionnés ;
2750 atteintes à l’environnement punies ;
3 fois moins de morts sur nos routes qu’en 2007 ;
Plus de 1600 patrouilles dans les transports niçois ;
20.000 enfants formés à la sécurité.

Quant au bilan du CSU, il est tout aussi parlant : avec 624 caméras, nous avons pu réaliser en moins d’un an 230 réquisitions judiciaires et 260 interpellations (une de plus cette nuit même suite à une tentative d’agression contre des pompiers).

Aujourd’hui, pour récompenser leur travail, 65 d’entre vous ont été promus.
Aujourd’hui, 75 nouveaux collègues vont vous rejoindre, et bientôt 25 autres, représentant une augmentation de 30% de vos effectifs, et pour la Ville, un effort financier de 6 millions d’Euros obtenu par une plus grande maîtrise de toutes nos dépenses de fonctionnement.

A vous tous et toutes qui avez voulu rejoindre ce corps, j’adresse mes compliments et mes remerciements émus.
Vous avez choisi un beau métier, et un travail difficile, pour être présents aux côtés de vos familles.
Cette volonté de dévouement, cette préoccupation du service sont des vertus devenues rares.

J’en reconnais aujourd’hui toute la dimension.

Voilà ce qu’est la Police municipale de Nice.

Voilà ce qu’elle fait, pour tous les Niçoises et les Niçois.

Cet effort financier, humain, que je maintiens et que je développe, est unique en France.

Savez-vous qu’à Toulouse, la police municipale ne travaille pas la nuit ?

Savez-vous qu’à Marseille, elle n’est pas armée ? A Marseille !

Savez-vous qu’à Lyon, il y a 1 policier municipal pour 1439 habitants ?

Eh bien à Nice, il y a un policier municipal pour 610 habitants.

Vous êtes nombreux car vous participez à la grande tâche commune de la sécurité de chacun.

A Nice, vous êtes armés.

Vous êtes armés car je me refuse à vous laisser désarmés, à la merci de la violence.

A Nice, vous travaillez 24h sur 24. Vous travaillez 24h sur 24 car, avec vos représentants syndicaux, que je remercie et que je salue avec gratitude aujourd’hui, nous avons pu trouver des aménagements d’horaire convenables pour vous permettre d’assurer votre mission.

Certains disent : c’est trop.

Je réponds : en matière de sécurité, le trop n’existe pas, ce qui compte c’est de répondre aux exigences du moment et à l’évolution de la délinquance.

Et si la violence augmente, les effectifs et les moyens des polices doivent augmenter en proportion. Oui, j’ai dit des polices.

Car tout l’effort que nous faisons, à Nice, au bénéfice de notre police municipale, nous ne sommes pas tenus de le faire. Et pourtant, nous le faisons.

En France, l’Etat est en charge de la sécurité publique. C’est une responsabilité qui lui incombe, et je suis de ceux qui veillent à le lui rappeler.

Cela signifie, Monsieur le Préfet, que cette mission relève de vos compétences.

Cela signifie, Monsieur le Contrôleur général, que ce sont vos agents, vos équipes, cadres, officiers que je salue et que j’assure de mon soutien, qui ont en charge, sur le terrain, la mise en œuvre de cette tâche.

Pour autant, je voudrais dire ici, aujourd’hui, la pression de la réalité que nous subissons, nous, maires des communes de France. Car la réalité est celle-ci : notre société devient violente, et nos concitoyens s’attendent à ce que nous les protégions de la violence.

Pouvons-nous ignorer cette demande, cette angoisse ? Pouvais-je laisser sans réponse, sinon celle de l’impuissance et de la résignation, qui sont la mort de l’action politique, de telles inquiétudes, si fréquentes, si renouvelées, dans nos quartiers et nos rues ?

En conscience, j’ai considéré qu’il était de mon devoir d’y répondre, dans les limites que la loi autorise.

Oui, l’action du maire, en matière de sécurité publique, est limitée.

Et oui, j’entends, pour ma part, occuper pleinement tout l’espace que la loi m’accorde, jusqu’au dernier recoin des compétences qui me sont concédées en matière de prévention, de proximité, de protection des plus faibles, d’attention aux victimes.

Et si la ville de Nice s’engage ainsi, j’attends naturellement de l’Etat que non seulement il ne se désengage pas, mais qu’il fasse lui-même un effort équivalent.
C’est dans cet esprit, un esprit de coopération et de montée en puissance, que j’ai voulu conclure la convention de coordination Police nationale/Police municipale, dont toutes les autorités de l’Etat se félicitent, tant en termes policiers que judiciaires.
C’est dans cet esprit que, fort de notre nouvelle organisation, de nos nouveaux moyens, de nos nouvelles structures, j’ai demandé à Sylviane Casanova de mettre en place le plan général d’îlotage de la ville de Nice.

Depuis septembre 2010, nos 5 équipes d’îlotiers ont déjà réalisé plus de 4000 prises de contact, dans le secteur de la ville que nous avons choisi comme terrain d’expérience, c'est-à-dire nos quartiers nord.

Ce plan général va étendre à la cité toute entière, à tous ses quartiers, même les plus difficiles, cette action exemplaire qu’est l’îlotage.
L’îlotage, c’est plus de connaissance du terrain et des hommes.
L’îlotage, c’est une source de renseignement complémentaire pour interpeller plus vite, plus précisément, plus efficacement.

L’îlotage, c’est plus d’humanité et de compréhension des habitants et des problématiques.
Aujourd’hui, auprès des commerçants, des groupements de voisins vigilants, des mères de famille inquiètes pour leurs enfants, des séniors anxieux pour leur sécurité, nos policiers municipaux font déjà un travail magnifique d’attention, de présence et de réconfort.

Aujourd’hui, autour de nos postes de police de quartier, que j’ai portés de 4 à bientôt 6, avec celui de l’avenue Cernuschi et bientôt de Ferber, puis du boulevard Maeterlinck, vous êtes dans la rue, auprès des Niçoises et des Niçois, là où vous devez être, confiant en votre mission et assumant votre vocation de service.

Demain, ce travail bénéficiera à tous les Niçois et viendra nourrir, au quotidien, la coopération avec la Police nationale en matière d’interpellation et d’élucidation.

Voilà en quoi une police municipale formée comme vous l’êtes, consciente de ses missions, sûre de ses moyens, appuyée par sa hiérarchie, est indispensable partout.

Mais puis accepter que votre position, à vous, policiers et policières municipaux, se trouve minorée en termes de droits sociaux ?
En quoi Aurélie Fourquet avait-elle démérité, par rapport à ses collègues d’autres services ?
En quoi les années de formation que vous suivez ont-elles moins de valeur que d’autres, et justifieraient donc un moindre salaire ?
En quoi le parpaing reçu en pleine tête par l’un d’entre vous, ici, à Nice, est-il moins dangereux que celui reçu par un de vos collègues de statut différent et expliquerait l’absence de prime de risque ?

Je ne vois plus aucune différence dans les missions qui soutiendrait une différence de traitement. Et je dis ceci : à risque égal, à présence égale, à charge égale, salaires, primes et pensions égales !

C’est pourquoi je souhaite maintenir ouvert le débat sur l’évolution de vos droits en matière
J’ai entendu, ici ou là, dire que le maximum avait été fait, sauf quelques petits alignements indiciaires encore possibles.
Eh bien, je dis que c’est insuffisant.
Je saisis l’occasion de saluer parmi vous les délégués syndicaux qui m’ont sensibilisé sur cette question
Raphaël GUTEVIEZ, référent national FO, de la PM de Montpellier,
Hervé MALASSI, lui aussi référent national FO, de la PM d’Evreux, Cédric GUILBAULT, de la CGT, de la PM d’Evreux, et son collègue de la CGT aussi, Yann VIANO, de la PM d’Antibes.
- Christophe FERRERO, Lionel ROUELLE, Calude CANOVAS, des PM d’Aix, de Châteauneuf les Martigues et d’Istres, représentant le SNPM/CFTC.

Oui, je dis que les vagues compensations indiciaires proposées sont insuffisantes.
Je vous propose donc, à vous, MM. les représentants syndicaux, comme je vais le
proposer demain à tous les maires de communes disposant d’une police municipale, d’organiser ici, à Nice, un congrès national sur le thème de la sécurité et de l’avenir des polices municipales dans notre pays.
Car c’est bien au niveau national que la question se pose. Ce ressenti que nous percevons, dans nos communes, est le reflet d’une question nationale, à laquelle chacun doit apporter sa contribution, avec ses moyens, dans le cadre de la loi, mais sans ambages et sans tabous.
C’est une belle journée pour commencer votre carrière, vous, jeunes policiers et policières.

C’est un jour important pour la poursuivre dans de meilleures conditions de sécurité et d’efficacité, vous tous, qui êtes déjà aguerris. Chacun à notre place, nous avons une mission à remplir pour chacun des hommes et des femmes, des enfants et séniors de cette ville. Je sais pouvoir compter sur votre volonté, votre compétence, votre dévouement pour en conduire la part qui vous échoit. Sachez que vous trouverez toujours en moi celui qui en défendra la haute importance et qui vous considèrera vous, policières et policiers, qui l’incarnez si excellemment, avec toute l’attention que la République vous doit.

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